croissance productivité et de la population active

La croissance, ça ne se décrète pas d’un coup de QE. À long terme, et en schématisant, elle est obtenue par deux grands canaux : la croissance de la productivité et l’augmentation de la population active.
En ce qui concerne la démographie, nous sommes tous au courant que nous faisons beaucoup moins d’enfants que par le passé, d’où cette réticence à couper l’immigration dans les pays développés, et l’une des façons d’analyser l’accueil massif par l’Allemagne de centaines de milliers de réfugiés.
En revanche, et ça on le sait beaucoup moins, malgré la révolution numérique, la croissance de la productivité n’a plus été aussi basse depuis longtemps. C’est pourquoi la croissance sera très faible sur le moyen terme, comme l’explique très bien cet article de Matthew Kerkhoff, publié sur FinancialSense.com.

La convergence des nouvelles technologies dans la robotique et la robolution à venir seront-elles suffisantes pour relancer la productivité sans que cela ne vienne en plus supprimer le mode de répartition traditionnel de la richesse qu’est le travail ?

La raréfaction des ressources est enfin le 3e frein à la croissance, car le développement économique infini, en tout cas dans sa dimension matérielle (c’est nettement moins vrai pour ce que l’on appelle l’économie de la connaissance), dans un monde fini pose un problème majeur.

Reprenons. Démographie en baisse. Productivité en berne. Raréfaction des ressources… Difficile d’imaginer une croissance en hausse !!

Charles SANNAT

« Après des années passées à combattre les forces de la déflation, de nombreux pays, dont les États-Unis, assistent à un rebond de l’inflation, ainsi qu’à des perspectives de croissance revues à la hausse. La promesse de prix qui augmentent et de l’accélération de la croissance poussent les valorisations des actifs, mais combien de temps ce phénomène va-t-il perdurer ?

Il est indubitable que les choses se sont améliorées durant ces derniers mois. Le graphique ci-dessous montre une inflation en hausse aux États-Unis, en Europe et au Japon.

La majorité de cette augmentation est à mettre sur le compte de la hausse des matières premières, et tout particulièrement du pétrole. Lorsque le brut a plongé en 2014 et en 2015, il a emporté avec lui de nombreux pans de l’économie mondiale. inflation japon europe usaLes pressions déflationnistes ont augmenté ; les banques centrales furent forcées d’intervenir en baissant les taux et en augmentant leurs achats d’obligations.

Le plus bas (du pétrole) est ensuite arrivé au début de 2016. Lorsque le brut a trouvé son plus bas autour de 25 $, il est reparti à la hausse, en emmenant dans son sillage tout le secteur des matières premières (voir ci-dessus). Le cours actuel du pétrole, plus ou moins stabilisé autour des 50 $, a provoqué l’inflation des prix ainsi qu’un regain d’optimisme modeste concernant les perspectives de croissance.

Ajoutez à cela une dose de Trumponomics et ses perspectives de doses importantes de stimulations fiscales et de dérégulation, et vous comprenez pourquoi les économistes augmentent leurs prévisions de croissance.

Mais nous avons, malgré ces perspectives positives, des tendances à long terme qui sont en place pour mitiger la croissance et limiter l’expansion économique. Dit autrement, ce concept de relance mondiale s’éteindra probablement vite.

Pour comprendre pourquoi, nous devons nous pencher sur les moteurs clés de la croissance. Autrement dit, que fait monter et descendre le PIB d’une année à l’autre ?

Les origines de la croissance

En mettant de côté les facteurs cycliques, nous découvrons que la croissance économique à long terme est dérivée de deux variables principales : la croissance de la productivité et la croissance de la population active.

Cela devrait intuitivement coucrbler de source. Le produit intérieur brut représente la production totale des biens et des services d’une nation définie. Afin que cette production augmente (en termes réels), l’une des deux conditions suivantes doit être remplie. Soit le même nombre de travailleurs produisent davantage de biens et de services que l’année précédente (augmentation de la productivité), soit il doit y avoir davantage de travailleurs qui produisent des biens et des services (croissance de la population active).

Décortiquer la croissance économique en ces 2 variables clés facilite grandement les prévisions d’évolution de la croissance à long terme.

À l’avant-garde, cette méthodologie de prévisions se trouve l’ECRI, l’Economic Cycle Research Institute. Ce sont eux qui ont créé les deux graphiques ci-dessous, sur lesquels nous allons nous pencher.

Le premier graphique montre les tendances à long terme du point de vue de la productivité et de la population active.

Comme vous pouvez le constater, la croissance de la productivité est aujourd’hui à son plus bas niveau de presque trois décennies. Pire encore, il apparaît que la croissance de la productivité a débrayé par rapport aux décennies précédentes, s’élevant aujourd’hui à un maigre 0,5 % annuel.

La croissance de la population active est également au point mort, si bien qu’elle se trouve aussi près du demi pour cent. Le CBO (bureau du budget du Congrès américain) table actuellement sur une croissance de la population active qui atteindra en moyenne moins de 0,5 % durant les six années à venir sur base de la démographie actuelle.croissance productivité et de la population active

Avec une croissance de la productivité d’un demi pour cent et le même chiffre pour la croissance de la population active, nous obtenons cette perspective à long terme de croissance du PIB de seulement 1 %. Dans une parenthèse intéressante, l’ECRI met en évidence que :

« Vu que la croissance potentielle de la population active n’est pas susceptible de changer à court ou à moyen terme, pour atteindre la croissance durable de 3-4 % promise par le secrétaire au Trésor Mnuchin, nous devrons multiplier par 6 la croissance de la productivité de ces six dernières années, ou doubler celle que nous avons connue durant les années Reagan. »

Pour poursuivre, l’ECRI a compilé ces données dans un autre graphique phénoménal qui nous permet d’observer des tendances mondiales à long terme.
Le graphique ci-dessous nous montre les tendances en termes d’augmentation de la productivité et de la population active dans les pays du G7 et ce, durant ces 60 dernières années. Il contient beaucoup d’informations, observons-le donc pas à pas.

Sur l’axe des Y, nous avons la croissance de la productivité et sur l’axe des X, la croissance de la population active. Les lignes grises obliques représentent les combinaisons de ces 2 facteurs qui s’ajoutent pour donner la croissance du PIB (voir les chiffres en gris à côté de ces lignes).

Les coordonnées de départ de chaque pays représentent la moyenne de la croissance de la productivité entre 1957 et 2007 (donc sur 50 ans). La fin des coordonnées (qui se trouve toute dans le coin iproductivite G7 historiquenférieur gauche du graphique, près de la flèche de chaque ligne) indique la moyenne de la croissance de la productivité sur ces cinq dernières années, ainsi que la croissance de la population active potentielle des cinq prochaines années.

Comme vous pouvez le voir, chacun des pays du G7 affiche une tendance à long terme allant vers une baisse de la croissance de la productivité et de la population active. Comme l’ECRI le note, « … quasi tout le monde converge vers une tendance de croissance de 0-1 % … pour devenir le Japon dans les faits ».

Si ce graphique vous déprime, vous n’êtes pas le seul. Les perspectives d’une croissance mondiale de 1 % ne sont pas des plus excitantes, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais ne perdez pas de vue que ces chiffres ont pour objectif de refléter des tendances à long terme, en dehors de tout facteur cyclique. Lorsque l’économie est dans une bonne passe, nous verrons probablement des taux de croissance supérieurs à ces niveaux.

Cela dit, il est très probable que nous soyons déjà dans cette période. L’administration américaine actuelle est en train de prendre des mesures pour faire repartir l’économie, et il est probable que bon nombre d’entre elles atteindront leurs objectifs.

En revanche, il est crucial de comprendre que ces effets ne seront que temporaires. Ils ne feront qu’importer de la consommation future sans changer les dynamiques à long terme qui sont en place. Pour bouleverser les choses, nous devons trouver le moyen de doper la croissance de la productivité, ou nous devrions nous mettre à faire beaucoup plus d’enfants. »

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