L’euro, plus favorable à l’Allemagne qu’à la France?

Je vous en parlais hier avec le « dessin » qui faisait peur et qui montrait les divergences dans la production industrielle des différents pays européens suite à l’introduction de l’euro.

Encore une fois, il ne s’agit pas de punir un « bon élève ». Cela serait stupide.

En revanche, il y a un véritable problème de « force » de la monnaie qui n’est pas compatible avec les différentes économies.

Lorsque Michel Sapin évoque ce sujet « officiellement », cela veut bien dire ce que ça veut dire : il a beau y mettre toute la diplomatie possible, la réalité c’est que l’euro est une monnaie allemande. Pas française. Encore moins grecque ou italienne !

Charles SANNAT

La politique économique de l’Allemagne se ferait-elle au détriment de ses partenaires, notamment du reste de la zone euro ? Pour tenter de répondre à cette question, Sputnik s’est adressé à Henri Sterdyniak, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.

Dans une interview publiée lundi dans le quotidien allemand Handelsblatt, Michel Sapin, le ministre français de l’Économie, a appelé l’Allemagne à investir davantage pour soutenir la demande européenne. Sujet de débat récurrent entre Paris et Berlin, cette déclaration s’inscrit dans un contexte de critique par Washington des excédents commerciaux records enregistrés par l’Allemagne en 2016. Autrement dit, selon Donald Trump, l’Allemagne profiterait d’un taux de change de l’euro sous-évalué et ne réinvestirait pas suffisamment les fruits de ses exportations, très nettement supérieures à ses importations.

Si le locataire de Bercy rejette ces reproches d’un conseiller de Donald Trump, rappelons que l’Allemagne est régulièrement incitée par la Commission européenne et le FMI à utiliser ses excédents commerciaux et budgétaires pour soutenir sa demande intérieure, ce dont ses partenaires commerciaux pourraient à leur tour profiter sous forme d’exportations.

Contrairement à Michel Sapin, Henri Sterdyniak, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), estime que les reproches faits par un conseiller du nouveau président américain à l’encontre de l’Allemagne sont fondés. « Bien sûr, les États-Unis ont raison », estime-t-il, tout en ajoutant qu’il « comprend mal » la position du ministre français des Finances.

Selon l’expert, l’excédent commercial record de l’Allemagne (8,6 %) dépasse la norme de 6 % fixée par les autorités allemandes. Dans ce contexte, « ce serait bien que l’Allemagne dépense plus, qu’elle investisse plus » observe l’expert, tout en ajoutant que « ce serait bien aussi qu’elle augmente ses salaires de manière à réduire sa compétitivité, qui est excessive ». Avoir un taux de change qui correspond effectivement au niveau réel de compétitivité ne serait possible que si « l’Allemagne sort de l’euro », estime-t-il.

Évoquant les effets négatifs de l’intégration européenne, Henri Sterdyniak a dénoncé le fait que « les pays peuvent faire des gains de compétitivité fabuleux sans craindre d’avoir des effets néfastes par l’intermédiaire du taux de change ». Une situation qui favorise donc certains pays au détriment des autres. « L’Allemagne, qui est très compétitive, ne souffre pas d’une monnaie qui s’apprécie, donc ça crée un déséquilibre en Europe et dans le monde », indique l’économiste avant de poursuivre : « Normalement, l’Allemagne devrait avoir un taux de change beaucoup plus élevé. »

Selon M. Sterdyniak, les entreprises allemandes sont « extrêmement rentables, extrêmement profitables ». Et comme l’Allemagne n’investit pas ses profits, cet excès de revenu crée « des déséquilibres en Europe et dans le monde », résume-t-il.

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