Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

« Le FMI propose de geler le remboursement de la dette grecque d’ici à 2040″… Vous pensez rêver, vous pensiez que le FMI était incapable de bons sentiments, et vous avez parfaitement raison. En revanche, le FMI sait compter, et ce qui est évident pour le FMI comme pour moi, et tous ceux qui ne veulent pas se bercer d’illusions, c’est que la Grèce ne peut tout simplement pas payer sa foutue dette !

Il ne s’agit pas de morale, de sentiments, d’idéologie, ou même de principes économiques, il s’agit de comptabilité et dans le monde de la comptabilité, 1 + 1 = 2.

Certes vous avez des créatifs qui veulent vous faire croire que 1 + 1 = 3 mais ça c’est du marketing et du « concept », ce n’est pas la réalité, et la réalité c’est évidemment que la Grèce est en faillite, qu’elle est incapable de réduire plus ses dépenses tout en faisant face au service de sa dette.

Bref, l’idée du FMI est de geler la dette de la Grèce jusqu’en 2040 : cela aurait l’immense avantage de permettre au PIB de la Grèce de se remettre à croître, et d’ici 24 ans, la dette en pourcentage du PIB grec devrait être nettement plus supportable. En faisant cela, le FMI donnerait un véritable bol d’air à ce pays. Bref, c’est une excellente idée et tout le monde devrait pour une fois applaudir le FMI et sa nouvelle mansuétude, ou son… pragmatisme lucide.

Sauf que…

L’Europe refuse la proposition du FMI !

Ce qui permet de dévoiler le véritable visage de l’Europe mais aussi… de l’Allemagne qui sont à la manœuvre pour faire échouer la proposition du Fonds monétaire international.

Or comme nous l’explique La Tribune, « cette proposition permettrait certes de sauvegarder la valeur nominale de la dette grecque possédée par les créanciers de la zone euro, comme ces derniers l’exigent, mais elle amènerait une forte dévalorisation de la valeur réelle « actualisée » de cette dette puisque son remboursement serait lissé sur 21 ans de plus que le plan de remboursement prévu aujourd’hui.

Le FMI refuse, conformément à ses statuts, d’intégrer le troisième programme grec s’il n’y a pas de restructuration d’ampleur de la dette grecque et la mise en place d’objectifs crédibles. L’institution de Washington estime ainsi qu’il n’est pas possible de tenir l’objectif d’excédent primaire de 3,5 % du PIB prévu actuellement à partir de 2018″…

Résultats : les Européens qui ne veulent pas comptabiliser leurs pertes sur la Grèce s’étranglent à cette idée… ce qui en dit long sur la notion d’Europe fédérale ou de « plus » d’Europe !!

L’Europe, Allemagne en tête, veut serrer encore plus la vis à Athènes !

« La vision germanique, partagée par l’immense majorité de l’Eurogroupe à l’exception de la France, est résumée par le président de la Bundesbank Jens Weidmann dans son interview publiée ce lundi : « Le problème le plus urgent de la Grèce n’est pas le service de la dette, mais le respect du programme. »

Cette croyance domine la logique de l’Eurogroupe qui pense toujours qu’à force d’excédent primaire, on pourra parvenir au désendettement de la Grèce. Dès lors, la restructuration de la dette ne peut être, pour les ministres des Finances de la zone euro, qu’un instrument politique pour donner le change à Alexis Tsipras, le Premier ministre grec ou au FMI, mais nullement un instrument de gestion économique et financière. On comprend alors que le projet du FMI ne soit pas acceptable. »

Or l’idée avancée de résorber la dette à force d’excédents primaires relève de la plus pure fantasmagorie, car aucun pays, je dis bien aucun pays y compris l’Allemagne n’a pu réussir sur des périodes de 30 ou 50 ans à maintenir année après année des excédents primaires.

La triste réalité, encore une fois, c’est que personne ne veut prendre sa perte sur la Grèce car cela ferait mal dans les comptes des pays européens – ce que je dis depuis le départ. Plus nous retardons l’inévitable, à savoir la sortie de la Grèce de la zone euro par une sortie ordonnée et organisée, plus cela nous coûtera collectivement cher pour arriver à terme au même résultat.

Vers un nouvel accord sur la Grèce purement européen et sans le FMI !

« Il est donc de plus en plus improbable qu’un accord sur la dette soit trouvé avant le 24 mai, date de la prochaine réunion de l’Eurogroupe.

Déjà, certains évoquent la possibilité de se passer du FMI. Le projet du MES proposait le rachat de la dette de la Grèce envers le FMI en utilisant le capital disponible du MES, charge à Athènes de le rembourser au MES.

Ceci inclurait cependant une perte sur le paiement de l’intérêt pour les Européens. Surtout, le gouvernement allemand s’est engagé auprès du Bundestag à intégrer le FMI dans le programme pour « adoucir » la facture pour le « contribuable allemand ».

Tout échec de ce point de vue serait une vraie difficulté pour Angela Merkel qui n’en a guère besoin alors que son alliance, la CDU/CSU est au plus bas dans les sondages et l’extrême-droite, AfD, au plus haut… Les Allemands font face à leur propre contradiction : convaincre le FMI de venir à leurs conditions relève plus que jamais de la gageure… »

Et là tout commence à devenir sacrément compliqué, puisque le MES qui est le mécanisme européen de stabilité n’a pas un sou. Pire : il est financé par des pays sans argent qui empruntent de l’argent qu’ils n’ont pas pour alimenter un fonds destiné à sauver des pays carrément en faillite…

Tout cela, encore une fois, est absurde et depuis 8 ans, nous faisons du sur-place, incapables de régler un seul problème et repoussant les échéances à plus tard.

J’ai toujours dit que la tragédie grecque n’était pas terminée, loin de là, et comme vous pouvez le voir, elle ne l’est pas.

Alors comment tout cela va-t-il se finir ?

Au bout du bout du bout, il n’y aura pas 36 possibilités. Soit la BCE, la banque centrale, paiera en imprimant des billets, soit la Grèce fera faillite et se déclarera en défaut, soit encore elle sortira de l’euro et battra monnaie pour rembourser sa dette en monnaie de singe.

Dans tous les cas, il n’y a aucune solution douce : la résolution d’un surendettement, c’est toujours douloureux, et il en sera de même pour notre pays et tous les autres qui croulent sous des dettes que l’on ne remboursera jamais.

En attendant, mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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Source La Tribune ici

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