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Un banquier central allemand de haut rang prévient que la BCE pourrait être forcée d’augmenter de façon importante ses taux, causant ainsi un risque réel d’hyperinflation. Il affirme également que les banques pourraient ne pas être prêtes pour une telle hausse, qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la valeur de l’euro.

Andreas Dombret, membre du directoire de la Bundesbank, a lancé un avertissement très fort et ciblé à destination des banques ce matin. Il a déclaré que les gestionnaires du risque devraient être sur leurs gardes alors qu’ils n’ont jamais connu une période significative de hausse des taux, ce qui pourrait mener à l’hyperinflation.

La Banque centrale allemande met la pression sur la BCE afin qu’elle mette un terme à son programme d’achats d’obligations de 2,3 trillions d’euros connu sous le nom d’assouplissement quantitatif, en vigueur depuis janvier 2015. Elle craint que ce QE handicape l’économie allemande.

Les responsables de la Bundesbank visent personnellement Mario Draghi sur ce programme, que l’on accuse de sauver les États surendettés du défaut.

Aujourd’hui, Monsieur Dombret exhorte les banques à être sur leurs gardes et d’être préparées à un « changement », ainsi qu’à des « hausses importantes ». Il a déclaré à CNBC : « Ne nous voilons pas la face, il y a beaucoup de gestionnaires du risque qui n’ont jamais connu de hausse des taux, qui ne connaissent pas ce risque, qui n’y ont jamais pensé pour se pencher uniquement sur le risque de crédit et le risque de liquidité. Il est temps de se préparer à un changement potentiel. Si les taux devaient grimper fortement, ce serait évidemment un défi pour toutes les banques. »

Le QE de M. Draghi présente des similarités troublantes avec des politiques monétaires qui ont provoqué par le passé une hyperinflation extrême en Allemagne, comme la crise de Weimar. Cette crise économique, qui avait provoqué la dévaluation rapide du mark papier, avait mis l’Allemagne à genoux.

Elle démarra en 1921 et dura jusqu’en 1924, lorsque l’Allemagne répudia le paiement des réparations de la Première Guerre mondiale alors que sa devise avait perdu toute sa valeur. L’empereur allemand Wilhelm II et le Parlement allemand créèrent un plan pour financer intégralement la guerre via la dette. Ils commencèrent également à créer de la monnaie sans disposer des ressources économiques pour la garantir. Durant cette période, les taux explosèrent et les citoyens furent frappés de plein fouet. Alors qu’un pain coûtait 250 marks en janvier 1923, son prix explosa jusqu’à 200 000 millions en novembre 1923.

Tandis que 6 pays de la zone euro montrent désormais des risques sérieux de défaut, les banquiers allemands deviennent nerveux. Malgré les élections fédérales de septembre, la chancelière allemande Angela Merkel a dit jusqu’à présent qu’elle ne se mêlerait pas des politiques de la banque centrale. En janvier, elle a déclaré : « Nous n’exercerons aucune influence sur la BCE, je ne peux et je ne souhaite pas changer la situation telle qu’elle est actuellement. »

Simultanément, les analystes allemands avertissent que le pays est devenu l’otage du projet de l’euro, qui croule sous le poids de la dette. Le journal conservateur influent Frankfurter Allgemeine Zeitung ne dit pas autre chose : « Attendre des taux plus élevés pourrait bientôt devenir un remake de la pièce En attendant Godot. La BCE est devenue l’otage des pays surendettés. »

Article de l’Express.co.uk, publié le 13 avril 2017

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