Le CBO (Congressional Budget Office), organisme qui n’est pas affilié aux Démocrates ou aux Républicains, a pour mission d’effectuer des projections concernant la dette américaine sur base des données en sa possession.
En d’autres termes c’est un peu l’équivalent d’une Cour des Comptes américaine.
D’après cette institution donc, la dette américaine va augmenter de 10 trillions de dollars dans la décennie à venir, ce qui n’est déjà pas réjouissant en soi.
Pourtant, la réalité est bien pire, comme l’expliquent Antony Davies et James R. Harrigan (source), alors que le CBO a toujours proposé des projections bien trop optimistes par le passé.

Cela est bien possible, le léger soucis qu’il ne manquera pas de se poser est que sans croissance cette dette ne sera pas possible car la faillite aura lieu bien avant de pouvoir la doubler encore une nouvelle fois.

Charles SANNAT

Le CBO ne sait-il pas compter ? Ou il n’a pas envie de le faire ? Quoi qu’il en soit, la dette américaine ne sera pas de 30 trillions de dollars d’ici 10 ans, mais autour des 75 trillions. Le GAO, le Government Accountability Office, affiche d’ailleurs régulièrement ses désaccords avec les projections du CBO.

La tradition du CBO : surestimer les rentrées et sous-estimer les déficits

Bien entendu, ce chiffre de 30 trillions n’est déjà pas réjouissant. Mais il reste pourtant très loin du compte. Systématiquement, le CBO surestime les rentrées fiscales du gouvernement fédéral tout en sous-estimant les déficits budgétaires à venir. En ce qui concerne la perception, le CBO a, historiquement, surestimé de 25 % l’argent censé rentrer dans les caisses de Washington. Ce qui est, selon les auteurs, « une erreur mathématique de proportions bibliques ». Pourtant, c’est de la petite bière par rapport aux erreurs d’estimation du CBO en ce qui concerne les déficits : sur 10 ans, le CBO les sous-estime de 250 % !

« Sur les 20-25 dernières années, le CBO a publié 170 projections sur ce que sera la dette gouvernementale dans 10 ans. Sur ces 170 projections, exactement 170 d’entre elles ont sous-estimé de combien sera la dette. Et cette sous-projection est d’une marge gargantuesque. Par exemple, le CBO a publié ses dernières projections il y a quelques semaines, à la fin janvier. Ils ont dit que dans 10 ans, donc en 2027, la dette fédérale sera de 30 trillions de dollars. Vous entendez ce chiffre et vous vous dites : mais c’est énorme. »

Mais si ce chiffre énorme est faux, comment estimer le véritable chiffre ? La méthode proposée par les deux auteurs, même si elle n’est pas scientifique, nous donne une bonne idée de ce que nous pourrions connaître si le système ne se désintègre pas d’ici là. Historiquement, le CBO se trompe d’une marge de 2,5. Donc, s’il annonce une dette de 30 trillions d’ici 2027, nous devrions plutôt avoir un chiffre autour des 75 trillions de dollars.

Si ce scénario devait se matérialiser, cela signifie que la moitié du budget du gouvernement fédéral américain sera consacrée au paiement des intérêts de sa dette. Pire encore, ce scénario se base sur des taux aux niveaux d’aujourd’hui… qui sont déjà, vous n’êtes pas sans le savoir, à des plus bas historiques. En cas de hausse des taux, les auteurs estiment que c’est 75 % du budget qui sera englouti par le service de la dette.

Cette situation est évidemment intenable. Alors, que feront les États-Unis ? Antony Davies et James R. Harrigan pensent qu’ils feront ce que font tous les gouvernements du monde dans une telle situation : Washington utilisera l’arme de l’inflation pour alléger le poids de la dette. Nous devons donc nous attendre à une inflation bien plus élevée dans les années à venir, au fur et à mesure de la dégradation de la situation fiscale des États-Unis (et, par extension, de la grande majorité des pays du monde, l’Europe en premier), à une inflation élevée, qui sera bien entendu provoquée par les banques centrales et leurs planches à billets.

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