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Comme chaque année, le World Gold Council publie en janvier son rapport sur les perspectives du marché de l’or durant l’année à venir (source ; traduction partielle des passages essentiels). Pour 2017, l’organisme dédié au métal jaune prédit une belle année en raison de 6 facteurs principaux.

En 2016, les investisseurs du monde entier sont revenus en masse sur le marché de l’or alors qu’une combinaison de facteurs macro-économiques et le retour de la demande ont dopé l’intérêt pour le métal jaune. Alors que nous commençons la nouvelle année, une crainte émerge : la vigueur du dollar pourrait limiter l’attrait de l’or. Nous pensons, au contraire, que non seulement l’or restera un élément stratégique de tout portefeuille mais que 6 tendances majeures vont soutenir la demande d’or tout au long de 2017.

Les tendances majeures de 2017

Le cours de l’or a affiché une forte performance en 2016, progressant de près de 10 % en dollars (et encore plus dans les autres devises) tandis que les acquisitions d’or des ETF furent les plus élevées de ces dernières années, ce qui a fait de l’or l’un des actifs les plus performants de 2016, malgré son recul enregistré après l’élection américaine. De plus, depuis la hausse des taux de décembre de la FED, l’or a grimpé de plus de 5 %. Mais que réserve l’année 2017 au marché de l’or ? Sur la base des perspectives économiques des spécialistes qui ont contribué à ce rapport, nous pensons que 6 tendances majeures de l’économie mondiale soutiendront la demande d’or et influenceront son comportement cette année :

  1. Des risques politiques et géopolitiques revus à la hausse ;
  2. La dépréciation des devises ;
  3. Le retour de l’inflation ;
  4. Des marchés actions surévalués ;
  5. La croissance asiatique à long terme ;
  6. L’ouverture de nouveaux marchés.

Risques politiques et géopolitiques plus importants

Le risque politique augmente. L’Europe connaîtra des élections cruciales aux Pays-Bas, en France et en Allemagne en 2017. Comme John Nugée l’a déclaré, ce cycle électoral arrivera « dans un contexte de mécontentement populaire continu alimenté par le creusement de la distribution inégale du produit économique ». De plus, la Grande-Bretagne doit négocier sa sortie de l’UE.

Si l’économie britannique poursuit son expansion, la livre sterling a fortement chuté suite au résultat du référendum. Cette tendance se poursuit à chaque fois que le marché pressent la probabilité d’un Brexit « à la dure ».

Aux États-Unis, des attentes positives ont émergé des propositions économiques du président élu Donald Trump et de son équipe, mais il y a aussi des craintes. Le dollar a progressé depuis la victoire de Trump en novembre dernier, mais les incertitudes vont bon train. Jim Sullivan voit « un risque significatif que les négociations sur le commerce tournent au vinaigre », et il suggère que « la confiance dans les marchés pourrait être affectée par les tensions géopolitiques déclenchées par la nouvelle administration ».

En tant qu’actif liquide de haute qualité, l’or profite de la recherche des valeurs refuges. (…)

Dépréciation des devises

Les politiques monétaires vont probablement diverger entre les États-Unis et d’autres zones du monde. Le consensus s’attend à voir la FED serrer la vis, mais il est loin d’être acquis que les autres banques centrales souhaitent, ou soient en mesure, de l’imiter.

La situation en Europe est à ce sujet emblématique. Comme John Nugée l’a dit, « les économies européennes vont probablement vivre sous le même régime de ces cinq dernières années, à savoir de politiques fiscales strictes et de politiques monétaires expansionnistes ». Depuis que la BCE a annoncé de nouvelles mesures de type QE en janvier 2015, son bilan a augmenté d’environ 1,5 trillion d’euros, pour une augmentation de 70 % et un bilan total de plus de 3,6 trillions d’euros. Cela va inévitablement mener à des craintes concernant la dépréciation des devises.

En fait, tout au long du siècle dernier, l’or a largement surperformé toutes les autres devises majeures. Cela s’explique notamment par le fait que l’offre d’or n’évolue que très peu, connaissant une croissance de seulement 2 % par an à travers la production minière, alors que l’argent papier peut être créé en quantité illimitée pour soutenir les politiques monétaires. (…) Les banques centrales continuent d’acquérir de l’or en tant que stratégie de diversification de leurs réserves. Nous nous attendons à ce qu’elles poursuivent leurs achats de métal en 2017.

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Retour de l’inflation

Le consensus voit les taux d’intérêt nominaux augmenter aux États-Unis cette année, mais tous les économistes à qui nous avons parlé anticipent également une hausse de l’inflation.

Ces tendances inflationnistes devraient soutenir la demande d’or pour trois raisons :

  • tout d’abord, l’or est perçu historiquement en tant que protection contre l’inflation ;
  • deuxièmement, une inflation en hausse maintiendra les taux d’intérêt réels à des niveaux bas, ce qui rendra l’or encore plus attractif ;
  • troisièmement, l’inflation rend les obligations et les autres actifs à rendement fixe moins attrayants aux yeux des investisseurs à long terme.

Jim O’Sullivan s’attend à une inflation des prix américains la consommation de 2,6 % en 2017. « Même si ce chiffre n’est pas élevé d’un point de vue historique, il signalerait l’émergence d’une tendance haussière. » (…)

Des marchés actions surévalués

Les marchés actions ont connu un rebond significatif sur la fin 2016. Si certains marchés actions ne font que se redresser après des années de performance morose, les marchés actions américains ont atteint de nouveaux records. Dans de nombreux cas, les valorisations ont grimpé alors que les investisseurs ont augmenté leur exposition au risque dans leur quête de rendement dans un environnement de taux très bas.

Jusqu’à présent, les investisseurs ont utilisé les obligations pour protéger leur capital en cas de correction de la bourse. Tandis que les taux augmentent, cette option est moins viable alors que, simultanément, le risque de correction pourrait augmenter. L’interconnexion des marchés financiers mondiaux a débouché sur un risque systémique devenu plus fréquent et plus important. Et comme John O’Sullivan l’a dit, « l’expansion de l’économie américaine ne durera pas éternellement ». Dans un tel environnement, l’or en tant qu’élément de diversification d’un portefeuille et d’assurance contre le risque est particulièrement attractif.

Croissance asiatique à long terme

Les tendances macro-économiques en Asie supporteront la croissance économique dans les années à venir et, selon nous, ce facteur alimentera la demande d’or. Dans les économies asiatiques, la demande d’or est habituellement fortement corrélée à l’augmentation de la richesse personnelle. Et vu que les pays asiatiques s’enrichissent, leur demande pour l’or a augmenté. La quote-part combinée de la Chine et de l’Inde dans la demande mondiale d’or a augmenté, passant de 25 % au début des années 90 à plus de 50 % en 2016. D’autres pays comme le Vietnam, la Thaïlande et la Corée du Sud possèdent également des marchés de l’or dynamiques.

Comme David Mann le note, « l’Asie a réduit son exposition économique à l’Occident. Ce continent a enregistré une croissance relativement forte depuis la crise financière, malgré une croissance obstinément faible en Occident. (…) L’Asie alimentera environ 60 % de la croissance mondiale en 2017. »

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Si la demande de bijoux en Chine a souffert des changements de goût des consommateurs, le marché d’investissement a connu une période de développement remarquable. En un peu plus de 10 ans, le marché des lingots et des pièces d’or est devenu en Chine l’un des plus importants du monde. (…) Les volumes échangés à la Bourse d’or de Shanghai ne cessent d’augmenter. (…)

Ouverture de nouveaux marchés

L’or se démocratise. Les ETF ont permis à des millions d’investisseurs d’accéder à l’or durant la dernière décennie, principalement en Occident, mais d’autres marchés continuent de croître. En Chine notamment, grâce aux plans d’accumulation d’or, aux contrats or avec livraison de métal physique de la Bourse de Shanghai.

Au Japon, les caisses de pension ont augmenté leur exposition à l’or durant ces dernières années. Dans le secteur privé, plus de 200 caisses de pension ont investi dans l’or. De plus, plus de 160 plans d’assurance vie ont ajouté l’or parmi la liste de leurs investissements.

Nous nous attendons à la poursuite de cette tendance, qui devrait se propager aux marchés occidentaux où les assurances vie doivent repenser leur stratégie d’allocation des actifs dans un contexte d’exposition prolongée à des taux bas (voire même négatifs). (…)

L’innovation se manifeste sur tous les marchés, mais à la fin de l’année dernière une nouvelle s’est particulièrement démarquée. L’Accounting and Auditing Organisation of Islamic Financial Institutions (AAOIFI), avec le soutien du World Gold Council, a lancé le « standard or charia », offrant au monde musulman la possibilité d’investir dans l’or. Selon Mark Mobius, de Frank Templeton, ce standard or charia va « bouleverser le marché ». Ce standard fixe enfin des règles qui étaient auparavant floues ou non-existantes, permettant ainsi à des millions de musulmans d’investir désormais dans l’or. De plus, la finance islamique a connu une forte croissance durant ces dernières années, de nombreux pays promouvant ce secteur dans le cadre de leur stratégie de développement économique et de diversification. Ces facteurs ont le potentiel de doper la demande d’or sur de nombreux marchés musulmans comment Malaisie, aux Émirats arabes unis et en Arabie Saoudite, où la finance islamique est bien établie, ou encore dans des pays comme l’Indonésie et le Pakistan, nations qui poussent pour que la finance joue un plus grand rôle dans leur infrastructure économique. (…) »

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