Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Le chômage est devenu endémique, pour ne pas dire « épidémique », ce qui provoque des réactions épidermiques, qui sont rarement bonnes conseillères, mâtinées d’une once (copieuse) de démagogie.

Du coup, on voit fleurir de plus en plus d’hommes politiques en mal de popularité proposer le « revenu de vie », le « revenu universel », le « revenu de base », avec pour tous, au-delà des appellations « marketing », le même concept, à savoir être payé à ne rien faire !!

Bonne idée ? Mauvaise idée ? Sur ce sujet-là, il va être très difficile de répondre par oui ou par non car le débat et la situation sont complexes. Essayons ensemble de réfléchir à ce sujet en dehors de tout prisme idéologique, ce qui est terriblement difficile pour chacune et chacun de nous, moi le premier !!

Face au chômage, le même échec partout dans le monde !

Oui, partout. Que vous soyez au Royaume-Uni, aux USA, en France ou en Espagne, le constat est le même. Cruel. Le chômage monte. La population sans emploi s’accroît.

Alors ici, on nous dit qu’il faut plus de socialisme quand la dépense publique est équivalente à 57 % du PIB, ce qui revient à dire que l’État ponctionne presque 60 % de toute création de richesse.

Aux USA, on vous dira qu’il faut encore plus de libéralisme et de flexibilité… Bref, en fait on s’en fiche, quel que soit le système, la réalité c’est que rien ne marche contre le chômage et que cela marchera de moins en moins parce que partout, ce qui explique le chômage mais qui est nié aussi bien par les économistes que par les politiques tient en 3 facteurs :

– la mondialisation qui consiste à faire produire là-bas à bas coût pour vendre ici à haut-prix ;

– la robotisation/mécanisation qui n’est pas nouvelle mais exponentielle et qui, au fur et à mesure que nos capacités techniques progressent, remplacent de plus en plus d’emplois ;

– l’informatisation qui n’a pas encore donné, loin de là, toutes ses capacités destructrices d’emplois.

Enfin, tous ces éléments rentrant en résonnance, ils s’accumulent et créent des possibilités inégalées dans l’histoire humaine. Les camions automatiques et sans chauffeur, à mi-chemin entre les robots intelligents et l’informatique bardée de capteurs, en sont l’illustration parfaite.

Face à ça, il n’y a aucune réponse, uniquement l’inéluctable obsolescence du travail humain !

Et c’est parce qu’il n’y a aucune réponse que certains proposent le revenu universel.

Aussi séduisant soit-il, il est, à mon sens, une chimère économique très dangereuse, ce qui ne veut pas dire qu’il ne va pas falloir trouver des solutions.

Pourquoi ? Parce qu’il implique effectivement une forme d’assistanat ou plus précisément le fait de ne pas travailler. Or travailler c’est avant tout créer de la richesse. Si personne ne travaille, il n’y aura, assez rapidement, plus aucune création de richesse et donc plus grand-chose ni à taxer ni à partager.

Vous me direz alors, « oui mais les robots vont travailler à notre place… et se charger de produire de la richesse ». Sauf que cela impliquerait que les robots produisent tout de manière totalement autonome et assurent les évolutions, les inventions, et la progression.

S’ils ne le faisaient pas, cela voudrait dire que le monde ne changerait plus, qu’il n’y aurait plus d’évolution, ce serait la fin des temps en quelques sortes.

Ou alors, cela impliquerait que l’essentiel des masses serait juste en train de survivre avec un salaire de misère de type minima sociaux comme c’est le cas actuellement tandis qu’une petite minorité aurait tout et encore plus. C’est d’ailleurs plutôt ce vers quoi nous allons et ce à quoi nous assistons.

Dans un tel cas, le revenu de base n’est là que pour faire de nous tous des assistés benêts, silencieux, obéissants et attendant leur pitance quotidienne bien sagement lobotomisés par les « télécrans » à la Orwell.

Les Français sont sceptiques.

D’après cet article du Figaro, « le revenu universel ne serait ni une « bonne » ni une « juste » mesure pour une majorité de Français, qui estiment qu’il créerait une société d' »assistés », selon un sondage Odoxa publié jeudi, réalisé pour BFM Business, Challenges et Aviva assurances. À la question « que pensez-vous du revenu universel, qui consisterait à attribuer à tous les Français, sans condition de ressource et qu’ils travaillent ou non un revenu à vie compris entre 500 et 1 000 euros par mois », 59 % estiment que ce ne serait pas une « bonne » mesure, 62 % qu’elle ne serait pas « juste » et 67 % pas « réaliste ».

Pour 64 % des personnes interrogées, le revenu universel à vie « créerait une société d’assistés ». Et 62 % jugent que cette mesure éventuelle aurait un coût « exorbitant » pour la société. Cette mesure, sur la table de plusieurs candidats à la présidentielle à gauche et à droite, mais sous des formes diverses, est perçue par 60 % des Français comme provenant de la gauche, selon ce sondage.

64 % des personnes interrogées considèrent qu’une telle mesure « incitera les Français à ne plus travailler et à se contenter de leur revenu universel ». Parallèlement, 85 % pensent qu’eux-mêmes travailleront « tout de même pour gagner plus d’argent parce qu’ils ne s’imaginent pas ne pas travailler »…

Bon ce sondage est plutôt de provenance libérale, mais pourtant je pense qu’il est relativement juste, car pour tous, il est inconcevable de gagner de l’argent à ne rien faire, d’être payé pour ne pas travailler, bref, ce « paradis » ressemble plus à l’enfer communiste qui ne fait envie à pas grand monde et certainement pas aux générations comme la mienne qui ont vécu même jeune l’effondrement du mur de Berlin et vu la défaite de l’idéologie communiste dans les faits.

L’absence d’incitations positives produit inévitablement un appauvrissement généralisé ; peu importe vos bons sentiments ou votre générosité, si tout se vaut alors plus rien n’a de valeur…

Il va donc falloir trouver autre chose que le revenu de base qui ne sera donc au mieux qu’un RSA nouvelle formule, au pire, l’avènement d’une nouvelle société collectiviste qui finira elle aussi dans les affres de l’histoire.

Pour trouver la solution, il faut donc se demander quel est le problème et le problème c’est la création de richesse et sa répartition.

Qui crée la richesse et comment va-t-on la répartir ? Doit-on faire évoluer notre conception de la création de richesse ? Doit-on surtout poursuivre dans ce modèle d’hyperconsommation où il est évident que l’homme devient obsolète ou penser au contraire un monde différent où l’on va se réapproprier nos territoires, réduire notre empreinte environnementale, utiliser les technologies pour l’homme et pour la planète et aussi pour aller dans l’espace, vers de nouveaux horizons ?

Bref, nous sommes à un moment charnière de notre histoire. Produire sans cesse plus n’a aucun intérêt et nous sommes en train de nous autodétruire. Ce n’est donc pas le revenu de base qu’il faut penser, c’est la société toute entière qu’il faut réinventer à commencer par notre rôle à tous.

Nous quittons ici le champ pur de l’économie pour rentrer dans celui de la philosophie et de la Politique avec un grand P. Nous avons besoin d’un projet collectif, d’une vision de notre futur et d’un chemin pour nous y rendre. C’est cette absence qui fait cruellement défaut à nos sociétés et à notre civilisation.

Un autre monde est non seulement possible mais surtout souhaitable. Et c’est tous les postulats et les paradigmes qu’il faut changer. La production n’a tout simplement plus de valeur, et d’ailleurs même la valeur d’usage ne nous apporte plus aucun plaisir.

L’erreur est de vouloir panser le système ancien et d’oublier de penser un système nouveau. La solution c’est notre imagination.

Imaginez un monde où nous mettrions, Russes comme Américains, tout notre argent pour conquérir l’espace et ses ressources plutôt qu’à dépenser comme les USA 900 milliards de dollars par an dans leurs guerres !

Imaginez un monde où tous les produits seraient éco-conçus ?

Imaginez un monde où le savoir et la connaissance seraient la vertu la plus élevée et sans réforme de l’orthographe à la « bachibouzouk et mille milliards de mille sabords » qui ne vise qu’un nivellement terrible vers le bas, alors que la connaissance EST notre avenir. N’oubliez pas que la connaissance est un jeu à somme positive. Si vous me vendez quelque chose à 10 euros, alors je m’appauvris de 10 euros. Si vous partagez une connaissance avec moi, je l’ai toujours et vous aussi !!

Imaginez un monde où les villes reculeraient, où elles seraient sans pollution ou presque !

Imaginez une agriculture totalement nouvelle nécessitant soit dit en passant beaucoup plus d’intervention humaine !

Imaginez la technologie, le savoir, la connaissance au service de l’humain et de la planète pour un développement harmonieux…

Ce n’est là que quelques exemples ! Nous pourrions parfaitement tout redéfinir et changer de cadre.

Ce qui est certain c’est qu’il n’y a aucune fatalité.

Ce qui est certain c’est que notre système productiviste actuel est à bout de souffle et insoutenable.

Ce qui est certain c’est que nous n’imaginerons rien avant qu’il ne se soit effondré car personne ne veut abandonner ses petits privilèges et autres rentes.

Ce qui est certain, c’est que nous connaîtrons probablement le chaos avant d’entamer une nouvelle renaissance.

Il est déjà trop tard. Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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 « À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)

« Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »

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