Ce n’est pas encore le printemps, mais une hirondelle vient clairement de passer dans le ciel des relations européano-russes.

Vous savez que je pense que c’est une grande sottise diplomatique que d’imaginer que l’Europe puisse se passer de relations cordiales avec notre immense voisin russe qui, objectivement, n’est pas notre ennemi.

Voir les patrons et politiques allemands revenir sur une politique étrangère absurde et alignée uniquement sur les intérêts américains n’est pas pour me déplaire. C’est même une excellente nouvelle.

Charles SANNAT

Voici l’article d’Euractiv ci-dessous.

« Aucun autre pays n’envoie autant de personnalités politiques et des chefs d’entreprises en Russie que l’Allemagne. Et certaines visites sont discrètes. Un article de notre partenaire Der Tagesspiegel.

Officiellement, les relations entre Moscou et Berlin sont toujours tendues. Dans les faits, l’Allemagne envoie plus de politiques et d’hommes d’affaires en Russie que n’importe quel autre pays. Horst Seehofer (Union chrétienne-sociale, CDU), ministre-président de Bavière et principal critique d’Angela Merkel depuis quelques mois, a notamment rencontré Vladimir Poutine en février, une visite largement interprétée comme une tentative de se distancier de la chancelière.

Ces dernières semaines, Bodo Ramelow (Die Linke), ministre-président de Thuringe, a emmené une délégation de 40 personnes à Moscou et Kazan. Son homologue de Saxe-Anhalt, Reiner Haseloff (CDU), a pour sa part rencontré l’ambassadeur russe à Berlin et a suggéré être en faveur de la fin des sanctions contre la Russie. D’autres visites, plus discrètes, se succèdent, et sont perçues en Russie comme des efforts allemands pour la normalisation des relations entre les deux pays, malgré la guerre en Ukraine.

Le 6 avril, plusieurs députés allemands ont visité la Douma. Les difficultés de communication entre la Russie et l’Occident étaient au programme des discussions.

Matthias Platzeck (Parti social-démocrate, SPD), ancien ministre-président du Brandebourg et actuel président du forum allémano-russe, Franz Thönnes (SPD), Tobias Zech (CSU), Wolfgang Gehrcke (Die Linke) et Margaret Horb et Ingo Gädechens (CDU) ont tous participé au déplacement.

Sergey Naryshkin, président de la Douma, le parlement russe, a rencontré les élus allemands. Ce membre du plus haut cercle de pouvoir connait Vladimir Poutine depuis leur rencontre à St Pétersbourg, au début de leur carrière, voire même depuis leur passage au KGB, selon certains médias.

Cette rencontre avec Sergey Naryshkin n’aurait pas pu avoir eu lieu en Allemagne, étant donné que son nom figure sur la liste des personnes interdites de voyage depuis qu’il a soutenu « l’envoi de troupes russes en Ukraine » et l’annexion de la Crimée. Lors de sa rencontre avec les parlementaires allemands, le président de la Douma a nié toute implication russe en Ukraine. Il a assuré à l’agence de presse Ria Nowosti que si la Russie voulait s’impliquer dans un conflit armé avec un pays comme l’Ukraine, le conflit serait terminé « en quatre jours maximum ».

Cinq jours après la visite de la Douma, une autre délégation allemande a été reçue au Kremlin. En général, Vladimir Poutine ne reçoit les dignitaires étrangers que lorsqu’il s’agit de chefs d’États ou de gouvernements. À l’évidence, ces invités étaient cependant assez importants pour qu’il les accueille et les félicite de leur « soutien des relations commerciales et économiques entre la Russie et l’Allemagne ». Wolfgang Büchele, le président de la commission sur les relations économiques en Europe de l’Est a répondu en assurant qu’il poursuivrait ses efforts, « malgré les problèmes évidents ».

Opposition aux sanctions

La commission parlementaire allemande exprime depuis longtemps son opposition aux sanctions européennes à l’encontre de la Russie et soutient l’initiative de Vladimir Poutine, qui veut créer une zone économique s’étendant « de Lisbonne à Vladivostok ». Le lendemain de cette visite, certains journaux russes ont publié des photos de la rencontre.

Le Petersburger Dialogs, un forum né en 2001 pour renforcer les liens entre les deux pays, s’est par ailleurs récemment réuni à Sotchi, pour un débat portant principalement sur la sécurité. Avant même le début de la rencontre, son président russe, Viktor Subkov, s’est félicité que l’Allemagne compte des personnes partageant ses objectifs et dont l’attitude repose sur un « sain pragmatisme ».

Une précédente réunion du Dialogs, en octobre dernier à Potsdam, avait tourné au vinaigre quand les Allemands avaient abordé l’implication russe en Ukraine. Viktor Subkov avait alors laissé libre court à son mécontentement.

Que la Russie accueille cette nouvelle rencontre montre donc l’importance de cette relation pour Moscou. En juillet, une nouvelle réunion aura lieu à St Pétersbourg. Il y a deux ans, le forum avait été annulé au dernier moment à cause de la crise ukrainienne et des réformes internes en cours. Son président allemand, qui dirige aussi la Deutsche Bahn, Ronald Pofalla, estime que les deux tiers des réformes sont à présent menées et que ce qui reste sera abordé la semaine prochaine.

Ronald Pofalla estime également que la volonté de changement de la Russie n’aurait pas été imaginable l’an dernier. « Du côté allemand, le dialogue a été davantage ouvert à la société civile », explique-t-il. « La Russie fait à présent de même. »

Il cite l’exemple d’un nouveau groupe de travail sur la « modernisation écologique ». Ralf Fücks, président de la fondation Heinrich Böll, a été nommé pour diriger ce groupe de travail, aux côté du directeur de Greenpeace Russie.

Un rapprochement entre l’Allemagne et la Russie est également bien vu à Moscou. Le journal Kommersant a ainsi couvert la rencontre de Sotchi et commenté que la plus grande surprise de l’événement était « l’atmosphère plus chaleureuse que jamais ». « Même lors des discussions sur l’Ukraine ou l’élargissement de l’OTAN, les experts se sont montrés prudents », ajoute le journaliste. Le mot « annexion » n’a cependant pas été prononcé de toute la rencontre.

L’Allemagne tente discrètement de se rapprocher de la Russie

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